Sous mes cheveux.

Je sais pas si vous avez remarqué, mais il se passe un truc chez mes copines frisées en ce moment (en vrai c’est pas vraiment mes copines, elles n’ont très certainement jamais entendu parler de moi, mais j’aime bien l’idée).

Taren Guy (now Auset Ntru Gaia… wtf ?), Mel Burgos (Rock Yo Rizos), Stéphanie Lauretta (Beauty By Lee), Maya Washington (Shameless Maya), Mahine, Fro Girl Ginny (now Nia the Light), tant de blogueuse / youtubeuses / influenceuses que je suis depuis plus ou moins longtemps et qui ont toutes en commun de s’être débarrassée de leur chevelure afro. Et on ne parle pas de brushing ou lissage temporaire, on parle de coupe ultra courte (voir « rasage ») ou de locks.

Plus qu’un changement de look, ces changements pour le moins radicaux (surtout que beaucoup d’entre elles étaient « connues et suivies pour leurs péripéties capillaires ») envoient un signal fort: « Je ne suis pas mes cheveux« . Et je crois que ça me parle pas mal aussi.

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Vous l’aurez sûrement remarqué (enfin j’espère), je poste beaucoup moins qu’avant… et, surtout, je ne parle quasiment plus de cheveux. Maintenant je vais vous le dire: j’en ai eu un peu ma claque de parler de ça, partout, tout le temps, avec tout le monde. De DEVOIR parler de ça. Je m’explique: bien sûr que ce sujet me tient à cœur, et je comprends qu’il intéresse grandement une partie de ma communauté. De fait, je ne me sens jamais « forcée » d’en parler sous une photo ou un post explicitement sur le sujet. En revanche, que mes cheveux soient en quelque sorte devenu mon premier signe d’existence (pas pour moi, mais pour les autres) me dérange profondément.

D’une part, j’ai eu l’impression de complètement disparaître derrière mes cheveux et de ne plus exister en tant que personne sans eux: le fait qu’on ne me reconnaisse pas quand j’ai les cheveux attachés, que je sois pour beaucoup de gens (proches ou non), « la fille à l’afro » ou que j’aie TOUJOURS les mêmes conversations avec les personnes que je rencontre pour la première fois. C’est « grave » quand même (toutes proportions gardées bien sûr, j’ai bien conscience que ce post est très loin d’aborder l’un des plus gros soucis de notre terre). Pour vous donner un exemple, je souhaitais tellement ne pas être « marquée » par cette caractéristique que j’ai passé les dix premiers jours de mon nouveau taf avec un chignon, non pas parce que j’avais honte ou que je voulais faire « bonne figure » (vous savez que tout ce qui assimile les cheveux naturels au péjoratif me hérisse le poil de toute façon !) mais juste parce que je ne voulais pas rejoindre un nouveau « groupe social » (mes collègues de travail) en tant que « la fille à l’afro » (chose que je suis finalement un peu devenue mais bon). J’avais envie de m’intégrer par ma personnalité, mes compétences, tout simplement.

Et puis d’autre part, plus j’y réfléchis, et plus je réalise que c’est quand même DINGUE de devoir constamment parler (et quand je dis « parler », comprenez « développer », « étayer », « expliquer », « faire un exposé »…) de quelque chose que je n’ai pas « créé », mais qui fait, au contraire, simplement partie de moi et de ma constitution. Mes cheveux ne sont pas un accessoire (bon, en vrai, ça l’est un peu d’un point de vue style mais vous voyez où je veux en venir): je ne suis pas allée les chercher quelque part en espérant obtenir un regard particulier du monde extérieur… ils sortent juste comme ça de mon crâne. Est-ce qu’on va autant s’attarder sur les blondes ? les rousses ? les chauves ? les chevelures très longues ? Dans une moindre mesure j’imagine. Vous me direz « mais c’est normal, tes cheveux ne passent pas inaperçu !« . C’est bien là le problème: nous sommes des millions à avoir ce type de cheveux A L’ÉTAT NATUREL, il ne devrait y avoir aucune excentricité là-dedans. Et pourtant, j’ai trop souvent l’impression que ma coiffure est perçue comme telle dans les yeux des gens. Pour tout vous dire, je m’en fous pas mal, c’est juste tellement symptomatique du manque de représentation des cheveux naturels / afro / frisés jusqu’à il y a encore quelques années. Alors même si j’ironise très souvent sur le fait qu’on ne trouve désormais plus aucune enseigne ou marque ne mettant pas en scène une modèle « métisse aux cheveux frisés » (le nouvel incontournable, depuis quelques mois, non ?), tout cela est finalement une excellente chose: cette banalisation permettra peut-être un jour de faire cesser ce regard si « spécial » sur nous.

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Encore une fois, ce mini « coup de gueule » s’applique quasi exclusivement pour ma vie « hors-blog »: je suis toujours très enthousiaste lorsque je décide de partager avec vous mes tribulations capillaires ! On va dire que j’aimerais juste, parfois, pouvoir mettre mes cheveux de côté pour arriver à parler d’autre chose en premier lieu, rester maître des sujets de conversation en somme… tout en restant moi-même ! Parce que oui, je pense faire des trucs vraiment plus chouettes que simplement être la touffe de service.

12 Comments

  1. Kamir 14 mars 2018

    Processus logique. C est l extérieur qui pointe du doigt ta tignasse, ta crinière, « cachez ce cheveu que je n’en saurais voir »! Du coup i m black and i m proud tu en prends possession et les revendique avec fierté et maintenant que tu en sors grandie tu peux passer à autre chose vivre avec . Le doigt restera toujours pointé mais en chemin tu en auras décomplexé plus d’une: et oui on est aussi « belle en gouffa »

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    • priscilla@mercredie.com 15 mars 2018

      Ah oui c’est sûr que ça forge le caractère mine de rien…

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  2. Nathalie 14 mars 2018

    J’aime te lire… Et pour moi tu représente beaucoup plus d’une touffe de service ❤️ !

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    • priscilla@mercredie.com 15 mars 2018

      Merci c’est trop d’amour :) à bientôt Nathalie.

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  3. Larissa ks 15 mars 2018

    Je comprends tout à fait ce que tu ressens. Je me suis un peu détourné des blogueuses qui parlaient que de cheveux. Non pas que ça ne me plaît plus mais ya autres choses dans la vie. Je ne peux que rejoindre ton petit coup de gueuler.

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    • priscilla@mercredie.com 15 mars 2018

      Je n’y avais pas fait attention mais c’est vrai que moi aussi j’ai arrêté d’en suivre un paquet… ça tourne en rond à force…

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  4. Green gazelle 15 mars 2018

    Pendant longtemps j’ai été la femme aux cheveux longs raides …. jusqu’au jour où je me suis délestée de 50 cm… et que je les laissais boucler plus souvent!!!
    Je crois que cela a davantage perturbé mes ami-e-s, collègues, familles que moi. Mdr!
    Les gens nous définissent d’abord par nos signes extérieurs « particuliers ».

    Je comprends ton râlage (si!!! çà se dit!) du jour et je suis bien d’accord!
    allez hauts les cœurs… Pour avoir un jour remonter tes 300 et quelques pages de blog, je peux affirmer que tu sembles loin de n’être qu’une tignasse.
    Je continuerai à te lire… même si tu parles d’autre chose que de ce que tu as sur la tête.

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    • priscilla@mercredie.com 15 mars 2018

      Ohh tu n’imagines pas comme je suis flattée de lire que tu as parcouru mon blog à ce point ! C’est marrant mais j’ai toujours l’impression que je suis la seule à lire parfois, surtout que les petits mots et commentaires se font rares de nos jours, à l’heure des likes sur Instagram… alors merci pour ton passage et ton impression.

      Je t’embrasse.

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  5. Afrolab 24 avril 2018

    Effectivement, il faut ce laisser aller dans la vie, les pointeurs de doigt seront toujours là.

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    • priscilla@mercredie.com 24 avril 2018

      Bien vrai !

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  6. Anaïs 17 mai 2018

    Lire votre article m’a fait un bien fou.

    Je me suis dit « Enfin quelqu’un qui me comprend ! ».

    Je me rappelle, une fois, j’étais à l’université et j’avais mis mes lunettes (ce que je ne fais pas souvent) et attaché mes cheveux en un chignon serré. Beaucoup sont ceux qui ont avoué ne pas me reconnaître directement (. . .) Il est vrai que, d’habitude, j’aime porter mes cheveux sans y faire grand-chose, souvent, c’est un petit wash-and-go et je sors avec la tête encore mouillée, mes cheveux sèchent comme ils veulent (souvent en afro) et… voilà. Mais… de là à ne pas me reconnaître après des années à côtoyer les mêmes locaux et assister aux mêmes cours ? Je me rappelle avoir pensé à ce moment-là « Mais… est-ce qu’ils ne remarquent pas les traits de mon visage ? Ils ne regardent que mes cheveux ou quoi ? » Et au fond, ça m’avait blessée. J’avais vraiment l’impression d’être « la touffe de service », comme vous dites.Une boule de cheveux sur pattes, et non un être humain avec ses propres caractéristiques.

    Autre petit coup de gueule : je ne sais pas si ça vous est déjà arrivée à vous, mais moi j’ai un problème avec les personnes qui se permettent de vous toucher les cheveux sans demander votre permission, tout simplement parce que c’est « exotique ». Amis (bon, limite, ça passe) et… inconnus compris (et là ça passe pas du tout) ! Est-ce que je touche toutes les têtes à cheveux lisses parce que c’est « exotique » pour moi, moi ? Bah non ! Argh… x.x

    Enfin bref. Merci pour votre article qui m’a a permis de me sentir un peu moins seule dans mes aventures capillaires. C’est toujours sympa :) Excellente journée !

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    • priscilla@mercredie.com 17 mai 2018

      Oh mais tout ce que tu viens d’écrire, j’aurais pu le dire aussi ahaha ! exactement les mêmes situations, ressentis, interrogations… Vous ne me reconnaissez pas sans mes cheveux ? Really ? J’ai un visage quand même :(
      et pour les gens qui touchent les cheveux sans autorisation (en fait, même AVEC ça me fait chier ahaha) ===> INSUPPORTABLES. Ca m’est encore arrivé ce matin au taf…

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