Pourquoi vous ne verrez jamais le visage de mon fils.

Depuis sa naissance, pas un jour ne passe sans que je reçoive des questions sur mon fils (« Pourquoi tu caches son visage ?« , « C’est quoi son petit nom ?« …). Alors, je vais tout de suite vous rassurer : je ne le planque pas parce qu’il est cheum. Par ailleurs, dans la « vraie vie », je n’ai aucun souci à divulguer son identité (lol) et tout le monde sait évidemment comment il s’appelle.

J’ai juste quelques convictions…

OUI, il a pas mal de sourcils… mais quand même pas autant.

Si je comprends l’envie des darons de partager des photos de leur progéniture, je reste convaincue de la nécessité de protéger l’identité et l’image de mon enfant, pour plusieurs raisons que je vais vous donner simplement et sans jugement (enfin je vais essayer, après tout, chacun vit sa life comme il l’entend…).

Pour commencer, il me paraît primordial de garder certains éléments de ma vie… privés. Je ne ressens personnellement pas l' »intérêt » d’afficher mon gamin sur internet, si ce n’est satisfaire la curiosité de (beaucoup trop) d’inconnus. J’ai créé ce blog avec, avant tout, le souhait de partager des moments de ma vie (mes tenues, mes voyages, mes coups de cœur, mes coups de gueule, mes délires, mes soucis…), en veillant à ne jamais étaler d’éléments qui pourraient impacter mes proches (même quand j’ai parlé mariage ou que j’ai raconté mon roadtrip familial suisse). En fait, je prends déjà cette précaution avec des individus majeurs, vaccinés et surtout consentants, il me semble naturel d’être plus attentive encore avec mon tout jeune fils, qui mérite un « anonymat numérique » le plus total possible. C’est notamment la raison pour laquelle je ne communique que très peu de choses à son sujet (qu’il s’agisse d’éléments très « banals » comme son prénom, mais aussi des informations que je considère comme ultra sensibles, notamment le moindre truc sur sa santé par exemple). Beaucoup n’ont malheureusement aucune idée de la valeur de telles informations ni de la façon dont elles pourraient compromettre nos vies dans le turfu. Je n’ai par exemple pas spécialement envie que des assurances, banques ou même potentiels employeurs aient connaissance de la moindre information qui pourrait influencer la façon dont sera traité, reçu ou perçu mon enfant, simplement parce que j’aurais raconté sa life cinq minutes sur les réseaux sociaux, entre deux stories, 15 ans plus tôt. J’exagère ? A peine. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai toujours déconseillé tous ces tests ADN très en vogue en ce moment… J’y reviendrai car le sujet me passionne (pour l’avoir énormément étudié dans le cadre pro : exploitation de data dans les domaines de la santé ou de la grande distribution etc.).

Tout ça pour dire que je ne m’empêcherai jamais de vous parler de mon fils, cela sera néanmoins toujours sous la forme de mon point de vue ou de mon ressenti, et non pas un étalage d’informations factuelles le concernant.

Alors bien sûr, je suis parfois (souvent ?) tentée de partager LA photo trop canon que je viens de prendre ou qui me passe sous le nez, par émerveillement, par fierté aussi… sauf que je reprends immédiatement mes esprits quand je repense au caractère « irréversible » de l’action. Je pars du principe que tout élément mis en ligne devient dès lors indélébile. Entre les sauvegardes automatiques, les screenshots sauvages, le fait que même les posts dits « partagés en cercles restreints » peuvent facilement devenir accessibles sur internet… tout cela fait que je souhaite limiter les « fuites » au maximum. Une fois la photo out there, bonne chance pour la récupérer et la supprimer définitivement (elle pourra être conservée, échangée, republiée, vendue… et ce pendant des années).

La question de sécurité m’interpelle aussi. Dans la mesure du possible, je préfère limiter la diffusion de petits éléments individuels qui, mis bout-à-bout, permettraient de reconstituer la big picture. Avez-vous déjà entendu parler de cette influenceuse traquée par un « fan » qui avait réussi à localiser son appartement en étudiant les reflets dans ses yeux sur ses selfies ? En se basant sur les fenêtres et l’angle d’incidence de la lumière sur ses yeux, il était allé jusqu’à trouver l’adresse exacte de son domicile… Alors je n’en suis pas là dans la parano, mais j’avoue que je suis quand même montée d’un level en devenant maman. J’évite donc les surexpositions de détails inutiles (filmer mes trajets récurrents, donner des informations sur mon lieu de vie, préciser mes sorties en live…). Encore une fois, pris de façon individuelle ces éléments ne valent pas grand chose… mais ce n’est plus la même lorsqu’on les assemble.

Et puis il y a toute cette part d' »inconnu numérique » : quel sera l’avenir des réseaux sociaux, d’internet en général ?

Est-ce que j’ai vraiment envie de servir sur un plateau des photos de mon gosse à des plateformes qui savent aujourd’hui mieux que moi lequel de mes potes se trouve sur telle ou telle photos ? A des devices qui peuvent désormais actionner telle ou telle option rien qu’en se basant sur la structure de mon visage, sur mes iris ?

Sans sombrer dans du Black Mirror (encore que, je considère cette série plutôt comme de l’anticipation que comme du dystopique maintenant !), il y a beaucoup de questions à se poser au sujet de l’intelligence artificielle et de la façon dont elle sera utilisée d’un point de vue business… ou politique. Combien d’enfants et d’ados se baladent aujourd’hui avec un bagage d’informations, accessible à tous, et dont ils ne pourront plus jamais se défaire ? Moi, ça me fait pas tant kiffer que ça.

Dans un tout autre registre enfin, je ne vous parlerai pas des risques évidents liés à la quantité de tarés qui rôdent autour de nous, et qui se « s’épanouissent » sur internet : entre les messages de prévention d’association pour l’enfance, les reportages sur la team Moore, les horribles faits divers que l’on entend en boucle tous les jours.. j’estime que nous, parents, sommes suffisamment avertis. Surtout quand on connaît le nombre de photos (même parfaitement innocentes, type photos de vacances) qui se retrouvent détournées sur des sites pédo-pornographiques, il n’y a selon moi même pas à se poser la question.

Voilà voilà, j’ai tué l’ambiance. Alors, pour conclure sur une note un poil plus positive, je rappellerai que mon fils aura déjà à gérer les milliers de photos de sa mère partout sur internet (sorry buddy). D’ailleurs, peut-être n’aura-t-il tout simplement pas envie que le monde sache que je suis sa mère (pour quelle que raison que ce soit) ? J’ai donc plutôt intérêt à me discipliner dès le début.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Quelle est votre position sur le sujet ? Vous inondez les réseaux de photos de vos kids ou bien vous filtrez tout ? Vous me prenez pour une grosse malade ou vous êtes déjà en train de deleter toutes les photos de vos enfants sur les réseaux ?

Mon premier mois de maman: ce que j’aurais aimé savoir.

Vous le savez, mes premiers moments avec bébé n’ont pas vraiment été une sinécure. Plusieurs fois, j’ai été étonnée / déçue / énervée / dégoûtée de me retrouver à penser ou vivre certaines choses dont je n’avais jamais entendu parler. Comme une bleue, je croyais que je vivrais ma maternité comme un bonheur imperturbable et sans limite, et que je n’aurai besoin de personne, comme toutes les bonnes daronnes. Après tout, c’est ce que la société, les réseaux sociaux et beaucoup d’autres éléments de notre culture occidentale m’ont toujours fait croire. Ce n’est pourtant que depuis quelques semaines seulement que je me considère comme « sortie de l’auberge » : les rythmes sont pris, la fatigue n’est plus vraiment là, la galère infinie de l’allaitement a pris fin… et surtout, je prends enfin un plaisir entier à chaque fois que je suis avec mon fils (son expressivité, son éveil et l’interaction de plus en plus présente ont tout changé… j’avais besoin de ça).

Dans quelques jours, il fêtera ses sept mois (et je me rends compte que lorsque j’ai écrit la première version de cet article, j’indiquais que mon fils « allait sur ses quatre mois », il m’a donc fallu un bon moment pour le finaliser…). Et parmi les trucs complètement hallucinants qui me sont arrivés depuis sa naissance, il y a toutes ces femmes (amies, collègues, lectrices… enceintes ou déjà mamans) venues échanger avec moi sur leurs difficultés ou pour être « rassurées ». Sachant que j’ai quand même longtemps été la dernière personne à consulter sur ces sujets, j’ai été très étonnée… Et ces discussions m’ont finalement permis de constater qu’il n’existait malheureusement que très peu de discours « réalistes » sur cet épisode de vie pas forcément évident. C’est pourquoi, par le biais de cet article, je m’adresserai à la personne que j’étais lors du premier mois de vie de son bébé, sans aucun filtre, tel que je l’ai vécu et pensé sur le moment. D’abord pour essayer de relativiser les doutes et déconvenues rencontrées (tout va tellement mieux maintenant…), aussi pour que les concernées connaîtront, sans aucun doute, une issue positive, et enfin pour garder un souvenir dans sa version brute, tout simplement. On dit souvent que le corps de la femme « oublie » volontairement tout le négatif de la grossesse / maternité… de sorte que l’on continue malgré tout de faire des enfants et aussi pour que la race humaine ne s’éteigne pas tout de suite… alors j’avise.

A mon moi du premier mois…

Tu vas assez vite comprendre que ton corps a pris cher. Tu auras mal à peu près partout : à la tête (fatigue niveau expert), au ventre (contractions), à tes « petits » pieds (gonflés comme jamais), à tes cuisses (nouvellement capitonnées et remplies d’eau), à ton dos (qui de toute façon ne t’a jamais vraiment laissé de répit depuis l’adolescence), à ta poitrine (qui s’est considérablement alourdie et qui a bien du mal à s’adapter à sa nouvelle fonction nourricière), à tes sutures (déchirures superficielles liées à l’accouchement), et ailleurs encore aussi. Tu n’auras absolument plus aucune force abdominale. Lors de ta deuxième nuit à la maternité, tu seras incapable de passer en position assise une fois couchée. D’ailleurs, tu devras tendre le bras vers le berceau de ton bébé et le soulever directement par le pyjama pour l’avoir dans tes bras (méthode pas tellement recommandée par les grands-parents, mais tu n’auras pas le choix et ça te donnera un aperçu de la puissance des pressions d’un pyjama bébé).

Tu expérimenteras les joies d’un périnée mis à rude épreuve. Tu avais évidemment entendu parler des malheureuses histoires d’incontinence (pipi, caca…), mais comme il faut toujours que tu donnes dans l’originalité, tu découvriras, toi, le monde fantastique de l’entre-deux, celui de l’incontinence des gaz. Tu ne seras que très moyennement enchantée par ce désagrément à la fois surprenant et humiliant. Tu répondras un grand « OUI » à ta gynéco, quelques semaines plus tard quand elle te dira « C’est tout-à-fait courant mais c’est vrai que je n’en parle jamais à mes patientes, pour ne pas les inquiétez, vous pensez que je devrais ?« .

Dans un tout autre registre (pas facile d’enchaîner maintenant), tu te sentiras complètement nulle et pas du tout à l’aise au moment de laver ton petit bébé tout neuf et tout « fragile » (en vrai, il ne l’est pas tant que tu le crois, mais bon). Malgré toutes les instructions que tu auras reçues, ces vidéos des « bains de Sonia » que tu essayeras tant bien que mal de te remémorer et toutes ces fois où on te dira que « Mais non, vous n’allez pas le noyer« , tu auras quand même de très gros doutes sur tes capacités. Tu confieras donc cette tâche au papa les premiers jours, un peu plus téméraire et costaud que toi.

Tu te retrouveras plongée dans des journées « mécaniques », pas du tout intéressantes à ton goût (ton bébé ne faisant que manger, pleurer et dormir pour le moment) : nettoyages de cordon, d’yeux, d’oreilles, pesées, changements de couches et de tenues incessants, tétées interminables, douloureuses et toutes les deux heures, biberons à laver, matériel à stériliser… et ce matin, midi et soir… et nuit.

Instant volé d’un jour clairement « sans ».

Tu ne feras jamais de sieste parce que le fameux conseil de « dormir quand bébé dort » ne matche pas vraiment avec ton mode de vie et tes habitudes. Tu ne supporteras pas la vue du bordel, d’un petit truc qui dépasse, pas lavé, mal rangé. Cleaner sera ta nouvelle passion, passion qui te donnera l’impression d’être en contrôle sur quelque chose, au moins. Tu feras plein de choses pour la maison, au point de ne plus avoir le temps de manger ou de te doucher. Tu ne te reposeras absolument jamais. Et l’absence totale de « temps libre » ira jusqu’à te rendre malade. Tu iras jusqu’à maudire les proches qui t’offriront des cadeaux que tu considéreras comme « chronophages » : tenues « compliquées » pour le bébé (comprendre « autre chose que body + pyjama ») ou encore « loisirs créatifs » (collages, montages photos, moulages…). Ont-ils cru que tu n’avais que ça à foutre ? Tu ressentiras par ailleurs une frustration intense quand ton mari se dira « épuisé » alors qu’il aura, lui, « la chance » d’aller au travail tous les jours pour « s’échapper » de ce quotidien répétitif. Pire, tu jalouseras ses business trips.

Tu seras très vite usée d’entendre les avis et expériences de tout le monde, bien souvent divergents et rarement sollicitées : « Laisse-le un peu pleurer« , « Comment ça, il pleure depuis 2 secondes et tu ne cours pas le chercher ?« , « Couvre-le, les bébés doivent être très au chaud les premières semaines !« , « Mais il doit avoir beaucoup trop chaud là-dedans« , « Il dort beaucoup trop, tu devrais le réveiller« , « Bon, il faudrait songer à le caler, ton fils, niveau siestes »Tu te créeras tes petites œillères virtuelles pour ne pas péter un câble.

Enfin, tu te sentiras plus seule que jamais. Le nombre de jours de vacances et de congés paternité étant ce qu’ils sont ici, tu te prendras ton statut « d’expat’ à Genève » en pleine gueule, sans famille et sans amis suffisamment proches pour pouvoir leur demander de te soulager dix minutes dans la journée, ne serait-ce que pour te faire à manger ou aller aux toilettes. Tu comprendras (trop tard) pourquoi toutes les jeunes mamans autour de toi se sont faites aider par leur mère, sœur, bestie…

Et le pire dans cette histoire, c’est que tu te sentiras interdite de partager toutes ces émotions contradictoires, tant la norme du « bonheur intense du miracle de la vie » et « l’amour maternel inconditionnel » sera ancrée dans ton cerveau. Tu auras peur de passer pour une mauvaise maman, une weirdo ou la rabat-joie de service.

MAIS (heureusement, il y en a un !), tu triompheras de ces épreuves.

Presque comme par magie, tes douleurs disparaîtront complètement, les unes après les autres. Toi qui commençait à souffrir de porter ton nouveau-né plus de quelques minutes, tu seras rapidement capable de le transporter partout avec toi, à bout de bras, alors même qu’il atteindra les 10kg à la veille de son septième mois. Ce sera tellement plus pratique pour lui bouffer les joues toute la journée et ça te fera les biceps bien comme il faut aussi. D’ailleurs, toi qui désespérais de ne pas pouvoir enfiler tes futes au cours de ton fameux « quatrière trimestre », tu auras un nouveau rythme de vie tellement actif que tu rentreras, plus vite que prévu, de nouveau dans tes jeans.

Tu seras très rarement en pleine forme quand il faudra te lever le matin… mais tu admettras que la petite voix de ton fils chantonnant et baragouinant n’importe quoi sera le meilleur réveil matin du monde.

Et son grand sourire sans dents quand tu entreras dans sa chambre vaudra toutes les grasses matinées de l’univers (so cliché but so true). De toute façon c’est bien connu, on ne rattrape jamais ses nuits de sommeil perdues quand on accueille un bébé.

Tes journées ne seront plus jamais les mêmes qu’avant… mais elles seront tellement plus chouettes que ces premiers jours seule avec bébé à la maison où tu ne faisais que de te demander « C’est donc ça ma vie, maintenant ?« .

Très vite, tu reprendras les balades, et avec tes deux bébés cette fois (tu seras toujours la plus à l’arrache dans les transports mais tout le monde trouvera ça mignon… et toi aussi d’ailleurs).

Tu t’en voudras de ne pas avoir habillé ton fils avec les tenues stylées qu’on lui aura offertes. Elles seront devenues trop petites, trop rapidement… Mais pas grave, tu te rattraperas en devenant addict au rayon bébés de Vinted.

Tu continueras de faire comme ça te chante et comme ton instinct te recommande de le faire avec ton bébé (hors question de santé bien sûr). Tu te rendras compte que la plupart du temps, ça roulera (et que quand ça ne roule pas, ça servira de leçon pour la prochaine fois !).

Tu ressentiras la même tristesse que papa lorsqu’il allait travailler et qu’il vous laissait tous les deux tous seuls à la maison, notamment lors de tes premières nuits « loin », sans eux. Tu comprendras que tu avais finalement de la chance d’avoir pu passer tant de temps avec ton bébé grâce à ton congé maternité (même si sur le coup ça te paraissait être l’enfer).

Tu réaliseras que ce moment n’aura été facile pour personne et tout le monde t’en fera la confidence (de ta boss au boulot à ta voisine croisée dans l’ascenseur en passant par ton livreur DHL). Tu découvriras d’ailleurs une facette méconnue de certains de tes proches et amis : ce voisin qui t’attendra pour t’aider à décharger la voiture quand tu rentreras seule d’un weekend avec ton bébé et ton chien, cette collègue qui écoutera attentivement tes petits « ratés » de maman et qui te fera comprendre que tout est absolument normal, cette cousine qui prendra religieusement de tes nouvelles chaque jour depuis l’arrivée du bébé, ce pote pourtant pas du tout branché gosse qui fera plusieurs centaines de kilomètres pour venir voir le tiens juste le temps d’une après-midi, cette lectrice qui te proposera de te cuisiner des bons petits plats réconfortants, cet ancien camarade de stage qui couvrira ton fils de cadeaux alors que tu n’avais pas eu de nouvelles de lui depuis à peu près mille ans… et j’en passe.

Bref, tu vas en chier un petit peu mais tu verras, tout ira mieux et tu finiras par kiffer <3

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