Fuck les pauvres.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas poussé une petite gueulante par ici, au moins un mois et demi dis donc (depuis mon post sur Roseanna…) ! Pourtant aujourd’hui ce n’est pas vraiment sur une marque que je souhaiterais déverser tout mon mépris mais plutôt sur certaines nanas/consommatrices/blogueuses and co.

Il y a quelques jours nous apprenions la collaboration Isabel Marant x H&M, prévue pour Novembre 2013.

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Je ne sais pas vous mais, de mon côté, dur dur de cacher mon excitation ! Voir Isabel Marant, une de mes créatrices préférées, s’associer à l’une des enseignes les plus abordables et friendly au monde ne pouvait être qu’une bonne nouvelle. Je m’imaginais déjà quels genres de pièces les deux entités allaient bien pouvoir nous proposer l’hiver prochain. Un remix de pièces existantes ? Des sneakers en édition limitée ? Des bijoux ?

J’ai malheureusement très vite été stoppée dans mon délire au moment où je suis tombée sur des réactions toutes plus PUANTES les unes que les autres, principalement sur certains blogs et sur Twitter: « Isabel Marant x H&M = dégoûtée« , « Quel dommage cette collaboration… » et j’en passe et des meilleures. Mais le top du summum de l’apogée de la feuille de menthe sur le couscous était lisible sur le blog de Carolines Blomst (dont je n’avais jamais entendu parler auparavant), une personne sans doute excellente dans son domaine, mais qui aurait mieux fait de la fermer cette semaine (PAIE TA RIME, yo !): « No thanks, I don’t want to buy Isabel Marant at H&M prices. I want to buy Marant at Marant prices in Marant stores« . MAGISTRAL ! Alors avant de lui rappeler qu’elle n’est (heureusement) pas décisionnaire quant aux réseaux de distribution des pièces Isabel Marant et que tout le monde s’en bat la race de savoir qu’elle préfère payer ses fringues beaucoup plus cher parce que c’est plus la classe, je voudrais faire un constat sur ce qui se passe en ce moment au sein de la blogosphère.

L’argent n’a jamais pour moi été un sujet tabou, il n’empêche que faire preuve d’un peu de retenue (d’intelligence ?) dans ses critiques est, par les temps qui courent, signe de bienséance et de respect je pense. Pour faire simple, ces personnes SE PLAIGNANT de pouvoir payer les choses MOINS CHÈRES me filent la gerbe.

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Margot, du blog You Make Fashion avait déjà touché une corde sensible il y a quelques jours en se positionnant CONTRE l’arrivée de Primark en France. Bien que j’aie personnellement saisi son message (= perte du « petit plaisir » de shopper des pièces introuvables en France), j’ai également compris les réactions négatives qui ont suivi (auxquelles il fallait quand même s’attendre !). Qu’on déplore la perte de certaines « exclusivités » UK, d’accord. Qu’on S’OPPOSE littéralement à l’arrivée d’une enseigne cheap en France alors que cela ravirait toutes celles qui ne peuvent pas se permettre une virée à Londres, je trouve ça un peu malvenu.
MAIS BON, Margot étant une blogueuse foncièrement gentille et bienveillante, je préfère faire passer ce petit fail sous le coup de la maladresse.

En revanche, l’article tout-à-fait méprisant de notre Caroline de service me fait littéralement bondir: en refusant de payer ses pièces Isabel Marant aux « prix H&M », celle-ci nous explique simplement qu’elle ne se mélange pas avec la Plèbe et que Madame la comtesse flippe un peu de voir les gueux du village accéder à quelques articles (à demi-)brandés Marant… À croire que la lutte des classes n’est finalement pas si loin. Tweets et articles confondus, j’ai vraiment l’impression de lire des lamentations de grosses bourges du plus mauvais goût.

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En quoi la plus grande accessibilité de certains articles peut-elle nuire à votre petite vie ? Il est où le problème ? Ça vous emmerde tant que ça de perdre vos « privilèges » ?  N’y a-t-il pas un égoïsme latent dans vos propos ?

Bon, j’ai quand même essayé de réfléchir à ce qui pouvait se passer dans ces esprits… et j’ai fini par imaginer 3 cas de figure pouvant expliquer ce genre de réactions – mais je n’ai pas pu m’empêcher d’y accoler, à chaque fois, le fond de ma pensée ;):

L’angoisse des « quality-freaks »:
Celles qui regrettent que l’on puisse trouver des pièces Isabel Marant, « qualité H&M ». Ma foi, c’est un argument… auquel j’ai quand même envie de répondre que:
1. H&M c’est pas non plus Tati (aucun de mes articles achetés chez H&M n’est parti en lambeaux après lavage aux dernières nouvelles)
2. On n’a jamais évoqué la suppression des boutiques Isabel Marant (= tout le monde est libre d’acheter plus cher ailleurs !)
3. Si la qualité les préoccupe à ce point, je leur conseille carrément de shopper chez un autre créateur (avec tout l’amour que j’ai pour Isabel Marant, les matières que celle-ci utilise n’ont jamais rien eu d’exceptionnel !).

Les analyses des « brand experts »:
Celles qui sont convaincues que cette collaboration fera perdre de la valeur à la « marque » Isabel Marant. J’ai cette fois envie de répondre que:
1. H&M c’est pas Gémo (je change un peu)
2. Je suis prête à parier que le prix moyen des pièces tournera autour de 100e, un ticket d’entrée déjà pas mal statutaire (on n’est pas non plus en train de BRADER la marque)
3. Avant de donner des leçons marketing, ce serait bien de se rappeler que les deux marques se sont forcément posées la question de savoir quelles seraient les conséquences de ce projet (les clientes de chez H&M n’étant pas de grosses pouilleuses en puissance, j’ai du mal à imaginer que la marque Isabel Marant puisse connaître une descente aux enfers comme a pu le connaître Lacoste depuis la récupération de la marque par les « racailles » par exemple).
4. Enfin, à moins d’être mal informée, il me semble que Beyoncé vend toujours des disques, que Karl Lagerfeld ne s’est pas fait virer de chez Chanel et qu’Anna Dello Russo reçoit toujours ses invit’ pour les fashion weeks. Ça n’a pas l’air si handicapant que ça une collab’ avec H&M, finalement ;)

Les réflexions de snobinardes:
Celles que je vise précisément dans ce post. Celles qui se plaignent de ce partenariat pour « faire genre », pensant se coller une étiquette « premium » alors qu’elles ne font en fait qu’asseoir leur statut de parodie IRL de la snob écervelée Dacia, ambiance « on va quand même pas dépenser si peu«  (merci d’ailleurs Juliette pour cette fantastique référence).

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Vous l’aurez compris, tout ce que je souhaite c’est une collection SUBLIME en Novembre histoire de voir jusqu’où vont vraiment les convictions de certaines… Bisou.

PS: un petit clin d’oeil à ma chère Mélo, à l’origine de ce fabuleux « Fuck les pauvres » ;)