J’ai vu passer pas mal de « bilans de la décennie » (sur Twitter et ailleurs), récapitulant les grands événements personnels vécus par chacun entre 2009 et 2019.
Je crois que j’aurais un peu de mal à résumer ces dix dernières années, tant celles-ci furent riches et réellement « clefs » pour le restant de ma vie : rencontre de mon amoureux, fin des études, déménagement à Genève, adoption d’Harlem, lancement du blog, voyages, évolutions professionnelles, achats immobiliers, mariage…
Bon, il semblerait que j’y sois finalement arrivée sans trop le vouloir ! Mais laissez-moi quand même revenir plus particulièrement sur 2019, une année « à part » et marquante, pour tout un tas de raisons.
Je n’ai pas réactivé mes notifications Facebook, Instagram ou Twitter. Je passe bien sûr toujours beaucoup de temps sur les réseaux, mais au moins je décide du moment… et ça me va bien.
J’ai eu un petit garçon (sans déconner ?).
J’ai fait zéro sport (enfin si, j’ai fait UN cours de yoga avant les congés de Noël…).
J’ai quitté mon job.
J’ai été encore plus casse-****** concernant l’hygiène (hashtag maniaquerie) que d’habitude.
J’ai adoré balancer des « Ok boomer » à tout bout de champ.
J’ai pu m’intéresser et m’investir davantage dans les causes qui me touchent ou me révoltent (faits de discriminations et racisme, violences policières, violences envers les femmes, bafouement des droits sociaux…). J’espère sincèrement pouvoir y consacrer encore plus de temps en 2020.
J’ai perdu un ami.
J’ai arrêté de discuter avec les gens qui pensent savoir mieux que moi ce que j’explique ou qui m’interrompent.
Je n’ai pas réussi à voir mes amis aussi souvent que je le voulais.
Je me suis rendue compte de la puissance infinie du réseau (humain, pas social).
Je me suis obligée à toujours envisager l’envers des situations avant de juger ou de participer.
J’ai moins bien géré mon argent qu’à l’accoutumée.
J’ai laissé tomber pas mal d’éléments toxiques (personnes, environnements, activités, objectifs…).
J’ai repris la confiance.
J’ai promis une vidéo « routine capillaire » que je n’ai toujours pas publiée…
Je me suis enfin sentie « chez moi », chez moi.
Je ne me suis jamais sentie aussi proche de vous qu’à travers mes échanges « grossesse et maternité« .
Je ne me suis pas laissée faire face à une marque qui m’a prise pour une imbécile (to be continued les kids).
Je ne sais pas vraiment de quoi la nouvelle année sera faite, mais je sais ce que j’ai envie d’y trouver.
Je vous souhaite à tous et à toutes la plus merveilleuse des années
Depuis sa naissance, pas un jour ne passe sans que je reçoive des questions sur mon fils (« Pourquoi tu caches son visage ?« , « C’est quoi son petit nom ?« …). Alors, je vais tout de suite vous rassurer : je ne le planque pas parce qu’il est cheum. Par ailleurs, dans la « vraie vie », je n’ai aucun souci à divulguer son identité (lol) et tout le monde sait évidemment comment il s’appelle.
J’ai juste quelques convictions…
Si je comprends l’envie des darons de partager des photos de leur progéniture, je reste convaincue de la nécessité de protéger l’identité et l’image de mon enfant, pour plusieurs raisons que je vais vous donner simplement et sans jugement (enfin je vais essayer, après tout, chacun vit sa life comme il l’entend…).
Pour commencer, il me paraît primordial de garder certains éléments de ma vie… privés. Je ne ressens personnellement pas l' »intérêt » d’afficher mon gamin sur internet, si ce n’est satisfaire la curiosité de (beaucoup trop) d’inconnus. J’ai créé ce blog avec, avant tout, le souhait de partager des moments de ma vie (mes tenues, mes voyages, mes coups de cœur, mes coups de gueule, mes délires, mes soucis…), en veillant à ne jamais étaler d’éléments qui pourraient impacter mes proches (même quand j’ai parlé mariage ou que j’ai raconté mon roadtrip familial suisse). En fait, je prends déjà cette précaution avec des individus majeurs, vaccinés et surtout consentants, il me semble naturel d’être plus attentive encore avec mon tout jeune fils, qui mérite un « anonymat numérique » le plus total possible. C’est notamment la raison pour laquelle je ne communique que très peu de choses à son sujet (qu’il s’agisse d’éléments très « banals » comme son prénom, mais aussi des informations que je considère comme ultra sensibles, notamment le moindre truc sur sa santé par exemple). Beaucoup n’ont malheureusement aucune idée de la valeur de telles informations ni de la façon dont elles pourraient compromettre nos vies dans le turfu. Je n’ai par exemple pas spécialement envie que des assurances, banques ou même potentiels employeurs aient connaissance de la moindre information qui pourrait influencer la façon dont sera traité, reçu ou perçu mon enfant, simplement parce que j’aurais raconté sa life cinq minutes sur les réseaux sociaux, entre deux stories, 15 ans plus tôt. J’exagère ? A peine. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai toujours déconseillé tous ces tests ADN très en vogue en ce moment… J’y reviendrai car le sujet me passionne (pour l’avoir énormément étudié dans le cadre pro : exploitation de data dans les domaines de la santé ou de la grande distribution etc.).
Tout ça pour dire que je ne m’empêcherai jamais de vous parler de mon fils, cela sera néanmoins toujours sous la forme de mon point de vue ou de mon ressenti, et non pas un étalage d’informations factuelles le concernant.
Alors bien sûr, je suis parfois (souvent ?) tentée de partager LA photo trop canon que je viens de prendre ou qui me passe sous le nez, par émerveillement, par fierté aussi… sauf que je reprends immédiatement mes esprits quand je repense au caractère « irréversible » de l’action. Je pars du principe que tout élément mis en ligne devient dès lors indélébile. Entre les sauvegardes automatiques, les screenshots sauvages, le fait que même les posts dits « partagés en cercles restreints » peuvent facilement devenir accessibles sur internet… tout cela fait que je souhaite limiter les « fuites » au maximum. Une fois la photo out there, bonne chance pour la récupérer et la supprimer définitivement (elle pourra être conservée, échangée, republiée, vendue… et ce pendant des années).
La question de sécurité m’interpelle aussi. Dans la mesure du possible, je préfère limiter la diffusion de petits éléments individuels qui, mis bout-à-bout, permettraient de reconstituer la big picture. Avez-vous déjà entendu parler de cette influenceuse traquée par un « fan » qui avait réussi à localiser son appartement en étudiant les reflets dans ses yeux sur ses selfies ? En se basant sur les fenêtres et l’angle d’incidence de la lumière sur ses yeux, il était allé jusqu’à trouver l’adresse exacte de son domicile… Alors je n’en suis pas là dans la parano, mais j’avoue que je suis quand même montée d’un level en devenant maman. J’évite donc les surexpositions de détails inutiles (filmer mes trajets récurrents, donner des informations sur mon lieu de vie, préciser mes sorties en live…). Encore une fois, pris de façon individuelle ces éléments ne valent pas grand chose… mais ce n’est plus la même lorsqu’on les assemble.
Et puis il y a toute cette part d' »inconnu numérique » : quel sera l’avenir des réseaux sociaux, d’internet en général ?
Est-ce que j’ai vraiment envie de servir sur un plateau des photos de mon gosse à des plateformes qui savent aujourd’hui mieux que moi lequel de mes potes se trouve sur telle ou telle photos ? A des devices qui peuvent désormais actionner telle ou telle option rien qu’en se basant sur la structure de mon visage, sur mes iris ?
Sans sombrer dans du Black Mirror (encore que, je considère cette série plutôt comme de l’anticipation que comme du dystopique maintenant !), il y a beaucoup de questions à se poser au sujet de l’intelligence artificielle et de la façon dont elle sera utilisée d’un point de vue business… ou politique. Combien d’enfants et d’ados se baladent aujourd’hui avec un bagage d’informations, accessible à tous, et dont ils ne pourront plus jamais se défaire ? Moi, ça me fait pas tant kiffer que ça.
Dans un tout autre registre enfin, je ne vous parlerai pas des risques évidents liés à la quantité de tarés qui rôdent autour de nous, et qui se « s’épanouissent » sur internet : entre les messages de prévention d’association pour l’enfance, les reportages sur la team Moore, les horribles faits divers que l’on entend en boucle tous les jours.. j’estime que nous, parents, sommes suffisamment avertis. Surtout quand on connaît le nombre de photos (même parfaitement innocentes, type photos de vacances) qui se retrouvent détournées sur des sites pédo-pornographiques, il n’y a selon moi même pas à se poser la question.
Voilà voilà, j’ai tué l’ambiance. Alors, pour conclure sur une note un poil plus positive, je rappellerai que mon fils aura déjà à gérer les milliers de photos de sa mère partout sur internet (sorry buddy). D’ailleurs, peut-être n’aura-t-il tout simplement pas envie que le monde sache que je suis sa mère (pour quelle que raison que ce soit) ? J’ai donc plutôt intérêt à me discipliner dès le début.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Quelle est votre position sur le sujet ? Vous inondez les réseaux de photos de vos kids ou bien vous filtrez tout ?Vous me prenez pour une grosse malade ou vous êtes déjà en train de deleter toutes les photos de vos enfants sur les réseaux ?