« On l’adore ou on le déteste » pourrait figurer dans mon tiercé gagnant des expressions insupportables (j’imagine bien une candidate du Big Deal répondre « AH BAH MOI C’EST SIMPLE, ON M’ADORE OU ON ME DÉTESTE, J’AI UN SACRÉ TEMPÉRAMENT HEIN ! » pendant les présentations… oui j’ai bien fait une référence au Big Deal, oui je suis restée bloquée dans les années 90). Mais bref passons. Tout ça pour vous dire que de tous les parfums que j’ai pu sentir au cours de ma vie, « Dent de Lait » de Serge Lutens (collection noire) fait partie de ces fragrances ultra clivantes, mais contrairement à ce que vous pensez sûrement, ce n’est pas (juste) une question de notes olfactives…
Mais pourquoi donc est-il si extrême ?
Tant de suspense.
Patience, ça arrive.
Un indice: le nom de ce parfum évoque à lui seul la raison pour laquelle il est si polarisant…
Serge Lutens a une nouvelle fois puisé dans ses souvenirs pour créer ce dernier jus, absolument incomparable. « Dent de Lait » nous replonge donc dans la douce enfance, une période à la fois innocente… et aussi traumatisante, à l’image de l’épreuve de la première dent qui s’échappe (ou que l’on arrache avec une poignée de porte, c’est selon !).
Cette fragrance s’ouvre ainsi sur de délicates notes d’amande, à la fois poudrées et laiteuses mais bascule ensuite très vite, et de façon vraiment déroutante, sur une odeur plus métallique, presque électrique. Une fragrance complètement inattendue, qui interpelle définitivement, qui peut même rebuter, particulièrement après avoir compris ce que Serge Lutens a voulu retranscrire: l’odeur d’une dent de lait qui tombe de la bouche d’un enfant, les notes du sang, tout simplement. Notez cependant que des dernières notes plus fumées et masculines apportent la touche finale de cette incroyable création (que l’on pourra sentir uniquement si l’on arrive à passer au-dessus de la fameuse effluve métallique…).
J’imagine que maintenant, vous comprenez mieux mon introduction ?
Mon petit côté creepy et moi-même sommes absolument FASCINÉS (et donc fans) par cette histoire et l’expérience olfactive inédite associée. Parvenir à exprimer avec autant de justesse et d’originalité un moment de vie n’évoquant pourtant aucune odeur a priori… n’est-ce pas là tout le génie d’un créateur de parfums ?
A ce jour, je ne porte pas régulièrement ce parfum car je sais qu’il peut être très dérangeant pour certaines personnes (en réalité, surtout pour celles à qui j’ai raconté cette histoire !), je le réserve pour les occasions (genre pour mes sacrifices ou invocations… ;).
Mystérieux, trash, intriguant… Oseriez-vous porter ce genre de jus ? Ou, au contraire, pensez-vous qu’il aille « trop loin » en termes de narration ?