Le parfum du temps présent.

J’ai toujours eu une mémoire olfactive de dingue. Et non, je n’ai pas honte de le clamer de la sorte. En vrai ça compense pas mal d’options qui n’ont visiblement pas été intégrées dans ma programmation : mémoire visuelle (ultra moyenne – impossible de me rappeler de la tête des gens), mémoire spatiale (absolument inexistante – j’ai beau emprunter 150 000 fois le même trajet, observer ma route etc., rien à faire, ça n’imprime pas) et tant d’autres. Donc je le répète : mon nez est infaillible, et j’en suis trop fière.

Je me surprends souvent à assimiler en deux deux une odeur à une personne, un moment, un lieu, un vécu… même ultra anecdotique (par exemple une personne que je n’ai croisée qu’une seule fois, un coin où j’ai été pour un événement, une ville que j’ai visitée en mode express…) : il suffit d’une odeur pour que je resitue immédiatement tout.

Vous ne serez donc pas étonnée de savoir que les parfums comptent énormément pour moi, et que le simple fait d’en découvrir de nouveaux (à mes goûts bien sûr), me provoque un immense plaisir ! On dit d’ailleurs que les parfums jouent un rôle sur notre humeur et notre bien-être…

Bien que je dispose déjà d’une belle collection de parfums « fétiches » (la plupart étant assimilés à un moment de vie), je n’ai pu que me laisser séduire par le concept de Prescent, une jeune marque anglaise dont les parfums se veulent apaisants, stimulants, nous aidant à mieux appréhender nos émotions tout au long de la journée, l’idée étant de tirer le meilleur du temps présent… d’où le nom ! La marque parle ainsi de « mood management » (« gestion d’humeur » en français mais, on va pas se le nier, ça sonne tout de suite moins bien).

Deux parfums sortent chaque saison, un pour le jour et un pour la nuit, autour d’un même ingrédient clef. Cet été, la vanille est reine. Dans la version « Summer Day », elle s’associe à la lavande pour un mélange à la fois relaxant et sensuel, tandis que pour la nuit, le parfumeur Jean-Charles Mignon l’a combinée avec des épices exotiques, pour un résultat encore plus chaleureux, presque érotique… 

Personnellement, j’ai bien accroché avec les deux (que j’aurais pu porter à n’importe quelle occasion), mais j’ai quand même tenu à jouer le jeu (car j’adore les jolis rituels), au cours de mon dernier séjour dans le Piémont.

En effet, la marque invite à un rituel un peu hors du temps pour découvrir et surtout apprécier ses parfums : celui-ci peut être aussi simple que s’installer dans un lieu extérieur agréable (si possible au frais…), déposer un peu de parfum sur sa peau et… se détendre tout simplement, en observant les variations de la fragrance au fil du temps, en se perdant dans ses pensées et en associant la douceur du parfum avec les petits charmes de l’environnement (la beauté du ciel, les oiseaux qui chantent, bref toutes les choses qu’on ne prend jamais le temps d’admirer, stressés par la course à la productivité, les to-do lists mentales et l’angoisse toute relative de ne pas trouver la seconde partie de l’enquête Society sur XDDL…).  

Je sais, ça peut sonner très poétique (perché ?), mais je crois qu’après les mois très éprouvants que nous avons traversés (et que nous vivons toujours…), cela fait parfois du bien de se reconnecter à ces petits plaisirs simples et délicats et de « passer à côté » de beaucoup de superflu. En tout cas j’en avais besoin.

Article réalisé en partenariat avec Prescent

L’ultra-clivant « Dent de lait », par Serge Lutens.

« On l’adore ou on le déteste » pourrait figurer dans mon tiercé gagnant des expressions insupportables (j’imagine bien une candidate du Big Deal répondre « AH BAH MOI C’EST SIMPLE, ON M’ADORE OU ON ME DÉTESTE, J’AI UN SACRÉ TEMPÉRAMENT HEIN ! » pendant les présentations… oui j’ai bien fait une référence au Big Deal, oui je suis restée bloquée dans les années 90). Mais bref passons. Tout ça pour vous dire que de tous les parfums que j’ai pu sentir au cours de ma vie, « Dent de Lait » de Serge Lutens (collection noire) fait partie de ces fragrances ultra clivantes, mais contrairement à ce que vous pensez sûrement, ce n’est pas (juste) une question de notes olfactives…

Mais pourquoi donc est-il si extrême ?
Tant de suspense.
Patience, ça arrive.

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Un indice: le nom de ce parfum évoque à lui seul la raison pour laquelle il est si polarisant…

Vous ne l’avez toujours pas ?

Serge Lutens a une nouvelle fois puisé dans ses souvenirs pour créer ce dernier jus, absolument incomparable. « Dent de Lait » nous replonge donc dans la douce enfance, une période à la fois innocente… et aussi traumatisante, à l’image de l’épreuve de la première dent qui s’échappe (ou que l’on arrache avec une poignée de porte, c’est selon !).

Cette fragrance s’ouvre ainsi sur de délicates notes d’amande, à la fois poudrées et laiteuses mais bascule ensuite très vite, et de façon vraiment déroutante, sur une odeur plus métallique, presque électrique. Une fragrance complètement inattendue, qui interpelle définitivement, qui peut même rebuter, particulièrement après avoir compris ce que Serge Lutens a voulu retranscrire: l’odeur d’une dent de lait qui tombe de la bouche d’un enfant, les notes du sang, tout simplement. Notez cependant que des dernières notes plus fumées et masculines apportent la touche finale de cette incroyable création (que l’on pourra sentir uniquement si l’on arrive à passer au-dessus de la fameuse effluve métallique…).

J’imagine que maintenant, vous comprenez mieux mon introduction ?

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Mon petit côté creepy et moi-même sommes absolument FASCINÉS (et donc fans) par cette histoire et l’expérience olfactive inédite associée. Parvenir à exprimer avec autant de justesse et d’originalité un moment de vie n’évoquant pourtant aucune odeur a priori… n’est-ce pas là tout le génie d’un créateur de parfums ?

A ce jour, je ne porte pas régulièrement ce parfum car je sais qu’il peut être très dérangeant pour certaines personnes (en réalité, surtout pour celles à qui j’ai raconté cette histoire !), je le réserve pour les occasions (genre pour mes sacrifices ou invocations… ;).

Mystérieux, trash, intriguant… Oseriez-vous porter ce genre de jus ? Ou, au contraire, pensez-vous qu’il aille « trop loin » en termes de narration ?